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Inktober 2025 - défi d'écriture De l'encre à la lettre - Mot J10 - BALAYER / Sweep

Inktober J10 – Et si balayer rendait heureux ?

Et s’il suffisait de balayer chaque matin devant sa porte pour être heureux ?

Julie ne le savait pas jusqu’à ce qu’elle rencontre M. Robert… une rencontre improbable. 

En ce J10 d’Inktober, j’ai été très tentée par une histoire capillaire dans la traduction « balayage », mais j’ai finalement opté pour le verbe à l’infinitif et vous offrir cette petite nouvelle écrite au petit jour. 

En espérant vous faire sourire et partager un peu des émotions que j’ai ressenti en l’écrivant. 

Bonne lecture.

BALAYAGE – Sweep

Chaque matin il était au rendez-vous… 8h tapantes, été comme hiver, il sortait avec son balai. C’était un manège habituel, mais qui m’amenait toujours un sourire amusé. 
Il faut dire que Monsieur Robert avait des tenues assez inhabituelles… le plus souvent, il était en robe de chambre rose pâle avec de grandes fleurs, des chaussons écossais et un petit bonnet vert sur la tête. Quelques fois, il était bleu, d’autres c’était un peignoir orange vif, et quand il faisait froid, il portait un manteau en daim clair avec un grand col en fourrure rousse.

Depuis ma fenêtre, je le voyais passer inlassablement son balai sur tout le tour de sa maison, dans l’allée qui menait au portillon et sur le trottoir devant chez lui. À cette heure-ci, la majorité des voisins partaient travailler, y compris moi.
Malgré sa présence quotidienne, personne ne lui disait bonjour. Il ne levait pas la tête de son balai. Il était comme dans une bulle hermétique.

Et puis un jour, il n’était pas là. Personne dehors. En finissant mon café, je remarquais que mes voisins tournaient tous la tête vers sa maison. Mais les volets fermés les faisaient passer leur chemin. 
Le lendemain, idem. Quelque chose en moi s’inquiétait. C’était… inhabituel et quelque chose manquait à ma routine. Je me rendais compte que ce « détail » était rassurant.

À la fin de la journée, alors que les volets étaient toujours clos, je me risquai jusqu’à son portillon. Je sonnai. Aucun signe de vie. Je tournai la poignée, il était ouvert. En remontant l’allée, je découvrai un joli jardin très bien entretenu, avec des roses, des pivoines et des arbustes taillés en boule. 
Arrivée devant sa porte, j’hésitais quelques instants mais finis par frapper fort pour qu’il m’entende. Pas un bruit. Je renouvelai. Toujours rien. Je fis quelques pas pour regarder sur le côté de la maison, tous les volets étaient fermés. Vraiment étrange.

Et puis un clic se produisit. Je revenai vers la porte d’entrée à grandes enjambées. 
Il était là, dans l’entrebâillement, les cheveux hirsutes et paré d’une de sa robe de chambre rose. 

— Monsieur Robert ! Bonjour, je suis Julie votre voisine d’en face. Je m’inquiétai de ne plus vous voir. Vous allez bien ?

Il me regardait avec de grand yeux surpris, mais visiblement émus. Ils étaient d’un vert-bleu magnifique. 
Dans une voix douce, il me répondit que oui. 

— Je suis désolée de vous avoir dérangé, mais comme vous sortez chaque matin à la même heure depuis que j’ai emménagé il y a 6 mois et que du jour au lendemain vous avez arrêté, j’ai trouvé ça étrange.

Il me répondit gentiment qu’il ne fallait pas que je m’inquiète pour ça, qu’il y a des fois des choses qui s’arrêtent ou qui changent, et que ce n’est pas grave.
Je ne m’attendais pas à cette répartie. J’étais vraiment intriguée. 

— Oui, vous avez raison. Mais vous avez piqué ma curiosité. Qu’est-ce qui s’est passé ?

Il ouvrit davantage la porte et me fit signe de rentrer.

À l’intérieur, plein de luminaires colorés donnaient comme une ambiance de Noël. C’était chaleureux.
Je le suivai dans le salon. Il m’invita à m’assoir dans le grand canapé. Sur la table basse, une théière et deux tasses. Comme s’il m’attendait. 
Avec un léger sourire aux lèvres, il me tendit une tasse.

— Alors Julie, qu’est-ce qui vous a vraiment donné envie de venir me voir aujourd’hui ?

Stupéfaite de cette question, je pris le temps de réfléchir sincèrement avant de répondre.

— Votre présence me manquait car vous faites parties des choses qui me font me sentir chez moi dans ce quartier et vous regarder chaque matin balayer devant votre maison m’amuse et m’intrigue en même temps. D’autant que je ne le fais jamais chez moi. Et quand vous avez disparu, j’ai eu peur qu’il vous soit arrivé quelque chose. Alors je suis venue. Je suis contente que vous alliez bien. Jaime beaucoup votre jardin. Et vous avez une voix douce. Et en fait on ne s’est jamais parlé et… 

Je n’arrivais plus à m’arrêter. C’est comme si un torrent se déversait de tout ce qui s’était accumulé en moi depuis mon emménagement… et lui restait là, calmement à m’écouter avec un air très intéressé par tous ces petits riens qui sortaient de ma bouche.


Quand j’eu enfin terminé, je tombai dans son regard vert-bleu. Une étincelle singulière brillait dedans. Je me mis à rire. D’abord nerveusement en essayant de l’étouffer, mais quand il se mit à rire aussi, nous étions deux ânes en cadence.

Revenus au calme, je ne pus m’empêcher de lui dire « Je suis désolée Monsieur Robert. Je ne parle jamais comme ça d’habitude. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Pouvez-vous me dire pourquoi vous avez arrêté de balayer autour de chez vous tous les matins ? »

Je ne m’attendais pas à sa réponse.

— Parce que je devais absolument envoyer mon manuscrit à mon éditeur ce matin et que j’ai mis 48h sans m’arrêter à écrire la conclusion. Moi aussi ça m’a manqué.

Je restais quelques instants silencieuse. Je me sentais un peu bête. Jamais je n’aurai pu imaginer cette raison si… simple. Plein de questions se disputaient dans ma tête mais je choisis la plus pressée.

— De quoi parle votre livre ?

Il se leva et m’apporta le manuscrit posé sur son bureau un peu plus loin.

Posé sur mes genoux, je lu le titre :

Balayer devant sa porte comme un oiseau fait son nid, un remède à tous nos maux. 
Guide pratique et philosophique. 
Docteur Robert Phd en philosophie intégrative.

Sans relever les yeux, j’ouvrai la première page et me mis à lire. Je dévorai chaque mot comme une affamée. Régulièrement, j’avais un sandwich posé à côté de moi que je dévorais tout aussi goulûment. 
J’ai beaucoup pleuré. Pas de tristesse, mais d’émotions tant ses mots sonnaient justes, avec une résonance profonde en moi. 
Au petit matin, je refermais le manuscrit. Pas une once de fatigue à l’horizon, mais une très grande envie de passer à l’action.

Je me levai d’un coup. Monsieur Robert en face de moi, je le prenai dans mes bras. D’abord crispé, je le sentis se détendre.

— J’ai un cadeau pour vous, me dit-il en me montrant la porte d’entrée. 

Posé contre le mur, avec un gros ruban rouge, un balai. J’éclatais de rire en même temps que de le remercier chaleureusement.

Je le quittai sans autre discussion, portant fièrement mon balai comme on porte un sceptre, et je me dirigeai tout droit vers ma maison. Je le posai juste une seconde le temps de rentrer boire un café et me passer un peu d’eau sur le visage.

En ressortant, j’empoignai mon nouvel ami en relevant les yeux vers la maison d’en face. Monsieur Robert était sur son perron, balai à la main, robe de chambre rose pâle et bonnet vert. Il me salua d’un hochement de tête. Pendant presque une heure, nous avons chacun balayé, calmement, presque méthodiquement. Je me sentais merveilleusement bien. C’était une nouvelle vie qui commençait. 

AMe

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