Inktober J30 – Une question existentielle

Juste là… elle ne l’avait pas vu avant.
Entre deux actions enchaînées… sans plus réfléchir qu’à l’envie d’avancer, il se logeait dans une fraction de seconde. Le RIEN. Le vide absolu. Un trou béant qui l’aspirait sur elle-même. L’espace libre de la question existentielle : qui suis-je ?

Elle avait toujours suivi la route bien tracée de ses parents, ses professeurs, de ce travail décroché par son oncle, puis son mari. Et un jour tout s’est effondré. Son corps avait tout lâché. Plus rien ne la maintenait.

Allongée dans son lit d’hôpital, la chambre remplie de fleurs qu’elle n’aimait pas, il ne restait qu’un grand silence, d’immenses points de suspension. Elle était remplie de tristesse, mêlée d’une colère qu’elle ne pouvait mettre nulle part.

La psychologue qui était passée la voir lui avait posé une seule question… la seule à laquelle elle n’avait aucune réponse.
Face à sa détresse, elle lui avait promis qu’elles allaient tenter d’y répondre dans les prochaines semaines… elle allait donc être coincée là pendant un bon moment.

En face d’elle, sur le mur, une citation d’un écrivain : Ce qui remplit votre temps n’est pas forcément ce qui comble votre vie. (Gilles Legardinier). Elle prenait enfin conscience qu’elle avait passé sa vie à faire… et avait totalement oublié d’être…
Et elle ne savait absolument pas comment faire pour corriger ça.

Une chose était sûre, elle voulait occuper cette place vide dans son existence. Elle voulait découvrir ce qui se cachait à elle jusque-là et qui l’avait menée à cette chambre remplie de son vide intérieur.

Elle ferma les yeux. La douleur dans sa poitrine s’était calmée. Quelque chose de nouveau naissait au milieu de son corps à bout de force.

Elle avait faim. Elle avait faim de se rencontrer enfin.